Une nouvelle pensionnaire

Rine bailla en se frottant un oeil. Elle avait très mal dormi dans le train qui l'avait conduit jusqu'ici et elle n'avait pas réussi à dormir dans le bus (qu'elle avait ensuite pris pour qu'il la conduise jusqu'à la résidence), car une espèce de vieille loque humaine nauséabonde s'était installée juste à côté d'elle.

La jeune fille blonde s'engagea dans l'entrée et souffla sur ses doigts pour les réchauffer, le froid lui avait fait monter le rouge aux joues. Mais ça ne la gênait pas, elle aimait bien le froid.

Elle portait un manteau gris, une jupe à carreaux et son collant était troué au genoux. Un peu de sang perlait, mais le froid avait engourdi la douleur. Ce n'est qu'en rentrant au chaud qu'elle sentit enfin son genou crier grâce.

*Quelle cruche ! Tomber juste en sortant du bus... Aïe !*

Elle s'agenouilla et ouvrit sa valise dont le contenu se déversa par terre, au fur et à mesure qu'elle fouillait dedans, tentant désespérément d'atteindre sa trousse de secours, dans laquelle elle y mettait ses pansements, médicaments, et... des choses typiquement féminines...

Froid. Y faisait froid. Et oui, le printemps était là, mais cet imbécile avait oublié de dire à son ami l’hiver de remballer avec lui la neige, la pluie et surtout le froid polaire qui nous congèle même les orteils ! Et encore, maintenant, il neige !...Quel temps pourri tout de même.
Et Laëtitia, encombrée de ses quatre valises, (oui quatre valises, à croire qu’elles se multiplient au fil du temps) s’enfonçait dans la fine couche de neige, à cause du poids de ses valises et de ses espèces d’énormes bottes qui laissaient des traces de pas assez impressionnantes. Bien sûr, Laëtitia n’était pas seule. Accompagnée de deux policiers fort sympathiques, elle tapait la discussion. Oui oui, vous avez bien lu, elle discutait avec des policiers. Ben quoi, ils ne lui avaient rien fait à par la ramener à Yonnin, et rien que pour ça, elle leur en était reconnaissante. Dehors, à l’extérieur ? C’était pire que l’enfer. Plus jamais, Ô grand jamais, elle ne veut y retourner. Mais elle n’aura pas le choix.

C’est donc heureuse qu’elle franchit l’entrée de Yonnin. Oui elle revenait, c’était la troisième fois ! Mais, heureusement, cette fois, c’était moins grave que les autres fois. C’était mieux, et puis, de toute façon, nous sommes bien d‘accord : cette haine qu’avait Laëtitia était surtout due à son père, mais maintenant qu’il n’était plus là, elle pouvait enfin vivre en paix avec elle-même. Même si, depuis cette fois-ci, elle avait encore connu des choses horribles et insensées, elle gardait le sourire et se réservait ses déprimes pour quand elle était seule. Elle avait appris à être plus responsable, et ses derniers crimes n'avaient été commis que par besoin, non pas par plaisir… Et c’était une grosse différence.

Et voila les portes. Ô, toi porte qui…Hein ? Oui je continue. Donc, elle arriva devant les portes. Les policiers, après lui avoir dit de « Ne plus faire de bêtises, tu es grande maintenant », la saluèrent. Puis, elle leur rendit leur salut, sans hésitation. Froid, toujours aussi froid, Laëtitia souffla sur ses mains, couvertes de mitaines en résille, donc avec des trous. Inutile de dire qu’elles sont… Inutiles. Puis, elle ouvrit la porte, la grande porte toujours, et elle entra. Le froid devait lui donner de la force, car elle n’eut aucun mal à l’ouvrir. Et, pourtant, elle était bien couverte, notre Titia : un pull gris claire, qui lui tombait jusqu’aux hanches, en dessous un tee-shirt noir a manche longue, et des mitaines en résilles. En bas, une jupe bouffante noir, avec plein de dentelles (C’est mignon dis-donc !), et un collant noir, avec, bien sûr, ses fameuses bottes. Et, n’oublions pas la célèbre écharpe noire rayée vert qui traînait par terre tellement elle était longue.

Une fois à l’intérieur, la porte refermée derrière elle, elle se sentit encore mieux. Ouah, rien n’avait changé, finalement. Elle entendait déjà des bruits, haha, des gens ! Elle parcourut un bout du couloir, ses valises sous ses bras, puis s’arrêta d’un coup, posa ses valises et hurla, de toutes ses forces

« YEAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! »

… Froutch froutch. Elle se retourna et vit une jeune fille qui, apparemment, voulait s’installer dans le couloir, vu comment elle fouillait et éparpillait partout ses affaires. Laëtitia la regarda, et vit qu’elle saignait du genou. Elle s’approcha, s’accroupit face à elle, et fit le signe de la victoire à la jeune fille, en souriant

« Ohyo. Dis, si tu veux t’installer ici, tu sais, y fait froid dans les couloirs. Tu veux de l’aide ? »

Elle regarda la fille à nouveau, et dit

« Tu t’appelles ? »

Lorsque la jeune fille lui adressa la parole, un long frisson parcourut l'échine de Rine, et elle tourna vivement la tête vers son interlocuteur.
Elle écarquilla les yeux de surprise et recula vivement, râpant son genou sur le sol, ce qui lui arracha une petite exclamation de douleur :

"Aïe !!"

Rine cacha son genou endolori de sa main et rassembla approximativement toutes ses affaires de l'autre. Tout cela en réfléchissant à comment elle pourrait lui répondre.

*Fiouuuu! Elle m'a fait peur celle-la! Je ne l'ai même pas entendu arriver.*

La jeune fille referma sa valise et se releva avec peine. Elle avait laissé une petite trace de sang par terre et quand elle s'en aperçut, elle entreprit de rouvrir sa valise pour prendre les mouchoirs qui étaient dans sa petite trousse mais elle arrêta son geste... Se rappelant que de toute façon, elle ne l'avait pas trouvée ! >.<
Elle cacha la trace avec son pied, espérant que la fille n'avait rien remarqué.

"Euh...Rine et toi?"

La demoiselle ponctua sa phrase d'un sourire mais le sang perlait toujours à son genou.

Laëtitia, toujours tout sourire, ce qui aurait choqué plus d'un ancien de PY, regardait toujours la jeune fille jusqu'à ce que cette dernière la voit, et sursaute d'un coup. Etait-elle si horrible que cela à voir ? Non, tout simplement, elle l'avait surprit, apparemment. Laëtitia remit sa longue franche derrière son oreille. Toujours accroupie, en faisant attention à ne pas montrer ses sous-vêtements, tout de même, elle regarda les affaires autour d'elle et elle hésita à l'aider. Elle pourrait croire qu'elle allait la voler ? Non, non, ne pas penser négativement, positive attitude ! Elle continua de sourire, même si elle avait l'air débile, puis elle l'aida en lui passant quelques affaires qui traînaient autour des jambes de Laëtis. Puis, la jeune fille se releva, l'état de son genou ayant empiré. Laëtis, qui essayait de ne pas être trop inquiète - Ça pourrait s'infecter, elle s'y connaît -, la regarda dans les yeux.

"Euh...Rine et toi?

Laëtitia, Laëtitia Huké, mais tu peux me surnommer Laëti, Laëtis, Titia... Comme tu l'veux!"

Elle regarda autour d'elle, puis elle regarda Rine ) nouveau. Mais son histoire de genoux commençait à stresser Laëti. Elle finit par ouvrir une de ses valises, sortit une de ces boîtes de mouchoirs démentielles qui ne servent à rien bien sûr, elle prit deux mouchoirs, et elle regarda Rine en disant

"Bouge pas, je vais t'empêcher de pisser le sang. J'aimerais pas être accusée de non-assistance dès mon arrivée, enfin retour, ça la fout mal !"

Elle rit, oui c'était pas drôle, mais bon. Elle s'accroupit à nouveau, oui elle s'était relevée la chtite Titia, et elle essuya le sang qui coulait sur le genoux, et ensuite, avec le second mouchoir, elle serra autour, puis elle dit, en se redressant

"Si t'as des pansements ça ira après ! Ça s'infectera pas. Pas la peine de cacher la tâche de sang, de toute façon, y doit y avoir l'ADN de tout le monde ici, alors un chtit peu plus..."

Puis, elle sourit, commença à prendre ses valises, mais elle dit à Rine tout d'abord

"Tu serais pas nouvelle ?... Si tu veux, je peux t'aider à te retrouver, et à te conduire... A "bon port", comme on dit.. .Je suis une "ancienne", donc je connais bien ! ... Si ça t'intéresse bien sûr."

Le ciel pleure, le ciel gronde. Hikaru court.

Il court sous la pluie battante, ses convers frôlant la boue et le parapluie qui ne le protège pas. C’est comme ça qu’il arrive à Yonnin le petit et nouveau pensionnaire. Arrivée banale d’un être qui l’est tout autant.
Il ne prend pas la peine de frapper, à quoi bon, ici personne ne viendrait lui ouvrir. Ce qu’il dit alors que pourtant, il a failli mais bon. Sa main gelée ne sent même plus la sensation de la porte contre sa peau. En d’autre mot, il est frigorifié.
Il met finalement un pied dans le hall. Fier d’avoir franchit le parcourt du combattant sous la pluie. Mais personne pour le féliciter, tant pis.
Ses grands yeux noirs détaillent le hall, il prend conscience de l’environnement. Noir. Noir comme ses yeux. Trop de noir tue le noir. Et le silence présent le rend mal à l’aise. Abandonnant là le parapluie, il se met à courir.

Aaah les ténèbres veulent m’engloutireent-heuuuu !

Il fonce, tête baissée le grand blondinet et se heurte contre un mur. Idiot. Enfin, un mur trop mou pour être un mur. Il rencontre le sol, se massant instinctivement le crâne tout en récupérant son béret rouge. Finalement, Arc-en-ciel lève les yeux. Pas un mur, une autre pensionnaire. Non, pardon, deux autres pensionnaires. Celle qu’il a entraîné dans sa chute et une ayant la même couleur de cheveux que lui. Il sourit, gêné…Gêné ?

Gomen, gomen !

Il se relève, époussetant son manteau et présentant sa main.

Y a pas trop de casse ?